A la fin du XIXe siècle, la scène artistique en Suisse est d’une grande vitalité. Autour de la fin des années 1890, s’affirme une génération de peintres, tels que Cuno Amiet, Giovanni et Augusto Giacometti, Felix Vallotton, ou encore Ernest Bieler ou Max Buri, qui renouvellent profondément l’art de leur temps.
Formés en France, en Allemagne ou en Italie pour certains, en lien avec les avant-gardes européennes, ils explorent la puissance expressive, symbolique ou décorative de la ligne et de la couleur, tout en s’attachant à des sujets puisés dans une histoire et une culture nationale suisse en train de s’inventer, avec pour contexte l’affirmation du jeune Etat fédéral, créé en 1848.
Ces peintres et ce moment fécond de l’art en Europe restent pourtant profondément méconnus hors de Suisse. Aucune exposition n’a été consacrée en France à la scène picturale suisse en dehors de deux manifestations en 1934 et en 1960, puis, plus récemment, de deux rétrospectives ambitieuses consacrées à Ferdinand Hodler (en 2007 au musée d’Orsay) et Félix Vallotton (en 2014, aux Galeries nationales du Grand Palais). Pourtant, des peintres comme Paul Gauguin ou Van Gogh, des lieux comme Paris et Pont-Aven, ont été déterminants pour des artistes majeurs de la période comme Cuno Amiet.